Une oasis au ras du sol

Les puits sont une chose vitale, dans tous les pays de la soif. Dans le Proche-Orient ancien, c’était même un lieu de rendez-vous où les bergers convergeaient avec leurs troupeaux, où les caravanes venaient faire une pause.

Ces puits sont tellement voués à la rencontre qu’on peut même parler de lieu de sociabilité ; ils sont à la fois des lieux de survie, des lieux de rencontre et des lieux de mémoires, puisqu’ils sont ce qui reste de la contribution de toute une vie à œuvrer pour le bien commun.

Le dialogue entre Jésus et cette Samaritaine est donc une vraie rencontre. Et c’est d’abord pour Jésus que ce rendez-vous est important : il a soif et c’est elle qui a de l’eau. Tout cela devrait être extrêmement simple, mais les deux personnages sont les échantillons de deux peuples qui se méprisent.

Ce qui prend le plus de place, c’est le récit de cette femme qui nous explique avec de nombreux détails ce qu’est sa vie : une vie difficile avec un quotidien usant et un statut plutôt précaire, dans une société où l’on n’est rien sans mari. On devine, derrière son récit, les possibles galères qu’elle a dû affronter pour survivre : une vie à courir après des ressources vitales, comme on traverse un paysage désertique pour trouver de l’eau et reprendre sa route, encore et encore ; une course non moins épuisante pour ne pas être considérée comme un rien. Sa propre soif et celle de Jésus se rencontrent autour d’un puits, l’eau qu’elle possède et celle de Jésus se correspondent, c’est sûrement pour cela qu’ils se comprennent.

Jésus ne va pas bouleverser la société de son temps en apportant des solutions inédites et définitives. Il ouvre pourtant une conversation jusque-là mal vue, voire interdite, fait appel à ce que ces deux peuples ont de commun (l’attente d’un Messie) et donne à cette femme une nouvelle trajectoire de vie. Nos Églises ont la même vocation que ces puits, elles sont là pour abreuver, accueillir, donner une place et donner la parole.

Quand la Samaritaine retourne auprès des siens, elle en oublie sa mission première : venir au puits pour chercher de l’eau. Aucune importance : cette femme qui n’avait probablement pas droit à la parole devient prophétesse en quelques instants. Et on l’écoute.

L’action de Dieu ne se manifeste plus de haut en bas, comme avec d’autres personnages bibliques prêts à gravir une montagne pour avoir une conversation avec Dieu. Ici, c’est horizontalement que les choses se passent.

Que nos Églises restent donc des oasis au ras du sol, lieux de ressource, de parole et de retour à la vie.

Didier Petit (pasteur)

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Photo à la une de Priscilla Du Preez 🇨🇦 sur Unsplash

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