Appelés à la liberté

Luther affirmait : “Un chrétien est un libre seigneur sur tout et n’est soumis à personne. Un chrétien est un esclave asservi en tout et est soumis à tous.”
Mais alors, en tant que chrétiens, sommes-nous des femmes et des hommes libres ou des esclaves ? Et si nous sommes appelés à la liberté, quelle liberté ? Liberté de faire ce que l’on veut ? Liberté de croire ou de ne pas croire ? Liberté de conscience ? Liberté politique, sociale, économique ? Liberté extérieure ou intérieure ?
Pour Luther, la liberté de conscience est évidemment une chose plus qu’importante, souvenons-nous de sa fermeté lorsqu’il était appelé à se rétracter à la Diète de Spire en 1521. Héritières de Luther, nos Églises ont intégré la notion de liberté de conscience en réaffirmant qu’il n’y a qu’un seul médiateur entre les hommes et Dieu : le Christ.
Si nous croyons que Jésus-Christ nous libère du poids de la loi, nous ne sommes plus jugés sur notre perfection, sur la réussite de toutes nos actions, c’est alors une immense délivrance qui conduit à la reconnaissance. C’est pour ça que le Christ a vécu : pour nous offrir ce cadeau immense d’être libéré. Mais il y a peut-être un risque : si chacun est libre de croire, de juger, alors chacun a sa propre raison, sa propre vérité, chacun est surtout libre de faire n’importe quoi ?
La loi tout entière trouve son accomplissement en cette unique parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Le chrétien est appelé à la liberté, à la liberté de conscience et de jugement, mais ce n’est pas la liberté de faire n’importe quoi. La liberté se démontre dans le rapport à l’autre, elle est indissociable du commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Je crois que c’est bien ce que dit Luther en affirmant que le chrétien est esclave de tous, il veut dire que nous sommes à la fois libres et esclaves de l’amour du prochain.
Dès les débuts du christianisme, il y a une affirmation de la liberté individuelle, essentielle à chaque humain, mais cette affirmation est combinée avec une solidarité, une fraternité humaine. Libres et esclaves à la fois. Ou plus exactement : liés par rien, mais reliés à tous.
Didier Petit (pasteur)
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