« Si le grain de blé ne meurt pas… »

Des étrangers sont venus à Jérusalem pour voir Jésus. Mais pourquoi ? Ils ne sont ni des touristes ni des badauds ; ils ont provoqué une rencontre qu’ils espèrent bouleversante. Effectivement, elle sera déterminante, car Jésus les accueille avec des propos déroutants : « Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance ». Autrement dit : « Tu dois te perdre pour te retrouver, disparaître pour réapparaître sous une autre forme ».

Aucune morbidité ici, mais plutôt une promesse de fertilité que Jésus adresse à ces voyageurs curieux, une multiplication de la vie à l’infini. Et en faisant cela, il ne fait que leur rappeler la signification première de la Pâque juive. Il faut bien mourir à soi-même, devenir quelqu’un d’autre pour quitter la terre d’Égypte où l’on est esclave.

La quantité évoquée par l’expression « du fruit en abondance » nous renvoie en réalité à une qualité : nous sommes invités à être autrement, et non pas à avoir davantage.

Il n’est pas question ici de choisir entre l’être et l’avoir, comme si c’était possible. On nous demande plutôt de bien faire la différence entre les deux démarches, et mettre autant que possible, le plus souvent possible, un surcroît d’être au milieu de notre besoin d’avoir.

Jésus parle en fin de compte de notre conversion toujours à refaire : laisser mourir notre vieil homme en le mettant régulièrement en terre, comme pour lui dire : « Adieu… jusqu’à la prochaine fois ! ». Ceux qui comprennent cela mettent le grain de blé en terre et le laissent mourir pour vivre au centuple. Et c’est le Royaume de Dieu où rien de manque. Les autres restent prisonniers de leur peur de manquer. Et c’est le règne de la quantité où ce qu’on possède ne suffit jamais.

Ces pèlerins grecs inattendus ont peut-être fait cette distinction vitale. Faisons le pari que leur rencontre avec Jésus a changé leur manière de voir. Si c’est le cas, ils ont eux aussi quitté l’Égypte, le règne de la quantité. Ils sont repartis chez eux en se demandant comment vivre au centuple sans avoir peur de manquer. S’ils ont repris leur route avec cette promesse, ils sont les premiers à avoir compris ce qu’est la mort et la résurrection.

Joyeuses Pâques !

Didier Petit


© Photo à la une par Suzanne D. Williams sur Unsplash

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