Une unité encore à venir

« Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage » (Matthieu 2, 2)
Cette mise à l’épreuve sanitaire fait apparaître notre difficulté à faire société, virus ou pas. Et c’est bien la capacité à rappeler les morceaux qui nous prennent la plus grande partie de notre énergie, la situation sanitaire inédite n’aura été qu’un révélateur assez cruel de notre relative incompétence en la matière. En attendant, suivons l’Etoile !
Le Dieu qui se cache dans la mangeoire d’une étable n’agit pas par les miracles qui nous transformaient contre notre gré, mais en donnant à son Esprit la possibilité de pénétrer en faisant chacun de nous, simplement en nous entrant dans une légende qui n’est pas une histoire fausse, mais une incitation à poursuivre le récit dans la vraie vie.
Le miracle encore à venir, c’est que nous risquons d’éprouver le désir d’être nous-mêmes transformés, si nous le voulons. Inutile alors d’accuser les autres, les grands de ce monde et les puissants d’être égoïstes si nous-mêmes ne cultivons pas en nous le désir d’être transformés. C’est là que réside le miracle de ce récit : entrer dans une légende toujours disponible pour la faire vivre et la transmettre à d’autres.
Ce Dieu que notre société rejette nous croit capable de mettre en pratique ce qu’il nous inspire. Il nous croit capables de remettre en cause par nous-mêmes les projets égoïstes que nous formulons, car il ne le fera pas lui-même. Jésus a enseigné en son nom que le pardon permet de supprimer les barrières que nous construisons contre nous-mêmes. A Noël et après Dieu nous sauvent de nous-mêmes et nous rendons capables d’un désir souvent absent chez nous : rappeler quelques morceaux, remplir les distances qui distendent dangereusement les liens et en font parfois casser quelques-uns.
C’est l’écrivain et conteur Andersen qui a écrit : « Le bon et le beau ne s’oublient pas, ils vivent dans les légendes et dans les chants . » C’est sans doute pour cela qu’il faut se laisser happer par une légende : loin des comptes-rendus circonstanciés qu’on oublie très vite, la légende nous convoque, nous responsabilise et nous montre habilement où se trouve l’objet de notre désir de vie. Comme une Etoile qu’on suit obstinément.
Le miracle de l’unité que nous tentons d’approcher chaque année à la même époque est comme cette Etoile qu’on suit obstinément : il vient d’une légende immémoriale à laquelle nous cherchons un avenir.
Didier Petit