L’Évangile, une manière d’être et de vivre

Il y a tellement d’Églises, de communautés religieuses de toutes sortes, comment s’y retrouver dans ce supermarché du spirituel ? Comment savoir s’il faut passer par tel chemin ou par tel autre ? Qui croire ? Un crédit qui faire ?

Telle est aussi la question du scribe, l’interlocuteur de Jésus. Contrairement à d’autres scribes de son temps, il ne s’oppose pas à Jésus ; il ne lui tend pas de piège. Il pose une vraie question. Que privilégier de la multiplicité des croyances et des pratiques qui nous sont proposées ?

Pour toute réponse, Jésus renvoie au seul commandement de l’amour. Ce terrain d’entente entre Jésus et le scribe est assez peu « religieux », mais surtout éthique. Il reprend à son compte deux prescriptions d’amour présentes dans la tradition biblique antérieure. Son originalité consiste à accoler l’une à l’autre pour en faire l’essentiel.

Mais Jésus innove tout de même un peu, car le commandement mosaïque demande d’aimer Dieu « de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force ». C’est Jésus qui ajoute « de toute ta pensée ». André Chouraqui traduit : « de toute ton intelligence ».

L’intelligence et la foi ne se contredisent pas, comme on l’a souvent entendu, elles doivent s’aider tous. Jésus va plus loin. En prônant l’amour tout en sollicitant notre intelligence, Jésus dit sans ambages qu’aucune recette, aucun dogme, aucune pratique privilégiée ne peut nous servir durablement de spiritualité.

La priorité absolue de l’amour et de l’intelligence rend chacun totalement libre et responsable. Jésus dit clairement le caractère second des religions par rapport au face à face avec Dieu et sa volonté. Les holocaustes, les sacrifices, les sacrements et les pratiques cultuelles restent nécessaires, pourvu que nous n’en fassions des distributeurs ou des télécommandes.

Ainsi, à travers les temps, la voix du Christ rappelle inlassablement que l’essentiel de l’Évangile n’est jamais un dogme, une confession de foi ou une chapelle, mais bien une manière d’être et de vivre. De ce fait, avec lui tout demeure possible. Rien n’est codé ni définitivement gravé dans le marbre. « Qui sait cela, ajoute Jésus, est proche du Royaume de Dieu ».

Alors, soyons lucides et responsables. Tâchons d’aimer avec notre coeur, avec notre volonté et avec notre intelligence. Tâchons aussi d’aimer les hommes, nos frères, autant que nous-mêmes. Usons des autres choses, des dogmes, des pratiques cultuelles, des institutions ecclésiastiques, mais en relativisant leur portée. Voilà l’Évangile. Voilà la porte du Royaume de Dieu.

Didier Petit

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