De quoi discutiez-vous en chemin ?

(Marc 9, 30-37)

Les disciples sont des gens consacrés, ils ont tout quitté pour suivre Jésus, ils tentent d’avoir envers les autres l’attention la plus grande, ils font de leur mieux. Mais quand Jésus les questionne, ils ne répondent rien, incapables de rendre compte d’une conversation qui les gêne. Quand Jésus s’approche d’eux, ils arrêtent de parler… sans savoir finalement qui est le plus grand !

Lorsque nous nous taisons, c’est parfois parce que, centrés sur nous-mêmes, nous n’avons plus rien à dire sur Dieu, plus rien à dire sur ce que cela change pour nous de l’avoir pour interlocuteur. Jésus intervient sans faire de reproches, mais pose la question que toute personne, toute Église devrait se poser : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »

Ce face-à-face libérateur, loin de nous centrer sur notre nombril, nous tourne vers autrui. Nous devrions normalement être mus par la créativité et l’audace, au lieu de chercher à être servis. La Réforme du 16e siècle a développé une dimension humble et profane de la vie spirituelle. Le chrétien est un laïc, engagé dans sa famille, sa profession, dans ses engagements culturels et sociaux, il vit et dit la résurrection au quotidien. De cet essentiel, nous devrions tous être capables de dire quelques mots, car le monde est une réalité à transformer par la parole et les actes.

« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous » (verset 35). Ainsi le disciple est appelé à se comporter comme un serviteur qui, à l’image de son Maître, renonce à tout pouvoir pour que l’autre grandisse. Mais nos modes de vie, nos sécurités, nos ambitions parfois discutables, s’accommodent mal de cette voie ouverte par Jésus lui-même. Elle implique certains renoncements, des modifications dans nos comportements quotidiens, une relativisation de nos systèmes de valeur. Nous n’y tenons pas toujours.

À la fois comme chrétiens engagés et comme communauté, sommes-nous appelés aux comparaisons et donc aux reproches, ou bien au service et donc à l’innovation ? Pourquoi sommes-nous engagés dans la vie d’Église ? Toutes ces questions se ramènent, au fond, à celle de Jésus : « De quoi parlons-nous en chemin ? » De beaucoup de choses, en réalité. Rassurons-nous, notre Église n’avancera jamais à pas de géant, mais avec des pas d’enfants (versets 36-37) : ils sont les seuls à trouver parfaitement naturel d’avoir tout à apprendre.

Commençons-donc notre nouvelle année avec cette simplicité et cet appétit !

Pasteur Didier Petit

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