Après Pâques : la vie au quotidien

Après le jour de Pâques, après la proclamation « Christ est ressuscité » qui fait vibrer les cœurs et l’assemblée chantant « À toi la gloire », les jours ordinaires pourraient paraître un peu fades, un peu ternes. Les jours ordinaires pourraient sembler décevants. La résurrection du Christ ne signifie-t-elle pourtant pas le surgissement dans le monde de la vie venue de Dieu, une vie offerte à tous les disciples ? L’excès, la prodigalité, l’extravagance, l’intensité de cette vie nouvelle s’accordent-elles vraiment avec la mesure et les limites de nos existences ?
Ce qui est certain, c’est que la résurrection qui fait irruption dans le monde ne nous engage pas dans une voie de perfection ni dans une voie de puissance ! L’une et l’autre s’avèrent au contraire extrêmement dangereuses, pavées de prétentions et de mensonges, conduisant tantôt à l’amertume tantôt à l’arrogance.
L’Évangile de Pâques est d’abord et toujours bonne nouvelle de la grâce qui accueille nos manques et nos efforts, nos fragilités et nos persévérances, nos doutes et nos moyens. C’est bien à la hauteur du quotidien que l’Évangile de Pâques souffle une dynamique nouvelle qui passionne l’ordinaire des jours et le mobilise contre l’ennui, l’indifférence et l’absence vis à vis des vivants et de la terre qui nous porte tous.
Nous ne ferons pas le bonheur du monde, nous ne possèderons pas la vérité, nous ne comprendrons pas tout. Mais l’Évangile de Pâques, l’Évangile de grâce nous autorise à nous tenir là, dans l’ordinaire et le quotidien, en nous émerveillant de chaque relèvement, de chaque aube trouant l’obscurité, de chaque brèche dans la peur, de chaque geste d’accueil et de bonté, et de la folle confiance du Dieu qui dit Oui à chacune de nos existences.
Dominique Hernandez