La nature et la Création

La loi de la nature, c’est la loi de la jungle ou la loi du plus fort.  Celui qui l’emporte, c’est le plus costaud ou le mieux armé ou le plus virulent. Cela s’observe bien sûr dans le spectacle de la nature avec ses proies, ses luttes et ses adaptations, depuis les grands fauves jusqu’aux virus les plus foudroyants.

Cela se voit dans une cour de récréation où les enfants jouent à qui est le plus fort, un jeu, mais aussi l’apprivoisement de ce penchant naturel à s’incliner devant le plus fort.

Cela se constate aussi chez les grandes personnes, et les disciples de Jésus n’ont pas été les derniers à chercher « qui est le plus grand » parmi eux. Si l’apôtre Paul écrit aux Romains « Que chacun soit soumis aux autorités établies », ce n’est pas par admiration ou par servilité devant l’empire romain, mais parce qu’il affirme que, laissé à sa nature, l’humain n’a de cesse d’entrer en conflit avec ses semblables et de chercher comment les dominer.

La nature n’est pas la Création. La nature dans laquelle nous vivons et qu’il faut protéger de l’avidité humaine n’est pas la Création, ni le naturel humain qui n’est pas haïssable. L’une et l’autre sont profondément ambiguës ou ambivalentes : si un magnifique coucher de soleil peut donner à penser à la grandeur de Dieu, le cyclone, l’avalanche ou le tsunami provoquent ravages et effroi. Paul soutient la nécessité d’un ordre politique afin que les plus petits aient place dans la cité et la société des humains, sans quoi ce sont les luttes de pouvoir et d’intérêt qui, au détriment du plus grand nombre, assureront la poursuite du chaos et entraîneront les humains à vivre « pêle-mêle comme rats sur la paille » selon l’expression très imagée de Jean Calvin. Quant à Jésus-Christ, il répond à ses disciples avec un petit enfant pour signifier que le règne de Dieu ne suit pas la loi du plus fort et que croire en Dieu, c’est accueillir un tout-petit.

La Création n’est pas un préalable à ce qui est, elle est surtout toujours à venir. Le Dieu Créateur l’est parce qu’il l’est toujours aujourd’hui, parce nous pouvons nous associer à cette œuvre de sens qui fait le monde plus beau et plus habitable.

C’est notre vocation que de nous engager pour ce monde créé, respectueux des diversités, plus juste, plus humain.

Dominique Hernandez

Sources : Marc 9, 34 ; Romain 13, 1 / Jean Calvin : Institution de la religion chrétienne, Livre IV, chapitre XX, § 5.

© Photo : Max Pixel

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