Un cœur intelligent

Coeur graphique rouge tenu par une silhouette de femme côté droit de l'image sur fond noir.

Les auteurs du livre des Rois, à partir de traditions qui chantaient les louanges de Salomon, ont écrit ce récit qui met l’accent sur la sagesse reçue de Dieu même. Ils se sont accrochés au passé glorieux d’Israël pour montrer ce que ce peuple avait de plus grand quand il respectait la volonté de Dieu. Pourtant, ils n’ont pas écarté les traditions qui donnaient un autre éclairage : ces récits donnaient de nombreux contre-exemples, ce qui arrive quand on n’a plus la faveur de Dieu. C’est l’ensemble de ces deux traditions qui montrent le mieux la fidélité de Dieu, malgré la faiblesse humaine.

Voici donc le trésor de ce texte : construire notre propre foi, comme Israël a pu et dû le faire dans les moments où ce retour à l’essentiel était une question de vie ou de mort. C’est l’alliance indéfectible entre Dieu et nous qu’il faut revisiter régulièrement. Dans le même temps, il faut se souvenir de ce que représente le roi Salomon : son ambition, ses traits de génie, sa sagesse, mais aussi ses dérapages, ses oublis, ses faiblesses. C’est le Salomon en nous qui nous intéresse au plus haut point.

L’essentiel dans l’alliance est ce qui permet de construire sa propre sagesse, d’avoir « un cœur intelligent ». Ce que Salomon demande ici, c’est de distinguer le bien du mal et d’agir en conséquence. Rien de plus, rien de moins. Cela rappelle évidemment Genèse 3 où le serpent promet à Adam et Eve d’être « comme des dieux ». Mais pour Salomon, il s’agit de recevoir la sagesse ; pour Adam et Eve, il faut s’en emparer.

Il faut donc demander « un cœur intelligent » ou, d’après d’autres traductions, « un cœur plein de jugement ». Le cœur, dans la Bible, n’est pas seulement le siège de l’affectivité, c’est aussi celui de l’intelligence et de la volonté. Le centre du règne de Salomon, c’est évidemment la construction du temple de Jérusalem. Aujourd’hui, il n’est évidemment plus question d’enfermer Dieu dans un lieu, quel qu’il soit, puisque tout ce que nous construisons est éphémère. Les hommes de la Bible ont fini par comprendre qu’il était plus sage, plus intelligent de transporter Dieu en nous, nouveau temple fait de chair, encore plus éphémère sans doute, mais surtout bien vivant.

Louis Pasteur écrivait dans son discours de réception à l’Académie française : « La notion de l’infini dans le monde, j’en vois partout l’inévitable expression. Par elle, le surnaturel est au fond de tous les cœurs. L’idée de Dieu est une forme de l’idée de l’infini. »

À nous donc d’avoir un cœur intelligent, plein de discernement et de sagesse, c’est-à-dire, au fond, un cœur habité.

Didier Petit (pasteur)

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© Photo à la une : DESIGNECOLOGIST sur Unsplash

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