Prédication du 12/09/2021

Prédication par Didier Petit

Texte : Marc VIII 27-35

 

Marc 8, 27-35

Nos prédécesseurs, au temps de la Réforme, avait une seule ambition, une seule obsession : rétablir, pour ceux de leur temps, une relation véritable avec Dieu. Sans dépendre d’une institution qui vend un salut « clef en main », sans s’attacher à des doctrines figées et périssables qui ne rassurent qu’un temps.

C’est toujours ce même effort que nous poursuivons aujourd’hui chaque fois que nous ouvrons « le vieux Livre » : découvrir des questions ouvertes qui exigent un long travail plutôt que des réponses toutes prêtes destinées à alléger notre charge mentale… mais qui nous déçoivent assez vite !

Le texte de ce jour parle, lui aussi, de cette relation difficile à mettre en place, cette recherche d’un tête-à-tête, ce désir de savoir ce qui nous fonde ! C’est le sens de la question de Jésus aux disciples.

Tout commence par cette question importante : « Qui suis-je aux yeux des autres ? ». C’est très différent de : « Comment suis-je perçu ? » ou bien « Que dit-on de moi ? » Jésus n’est pas en train de s’inquiéter de sa réputation ou du qu’en dira-t-on. C’est sa réalité même qui est en question. Et les réponses fusent : « C’est Jean-Baptiste, Elie, ou l’un des prophètes ! » Qu’on confonde Jésus avec Jean-Baptiste qui lui est contemporain, on le comprend facilement ; mais on a plus de mal à comprendre la confusion avec des personnages du passé, voire toute une lignée de prophètes. Et puis les disciples ne risquent pas grand-chose à rapporter les réponses des autres, même si elles sont mauvaises. Mais surtout, les confessions de foi approximatives et faites par procuration n’ont pas l’air de satisfaire Jésus.

C’est pourquoi la deuxième question atteint les disciples de plein fouet : « Qui dites-VOUS que je suis ? » C’est un engagement personnel qui est demandé, une réponse élaborée par chacun, un travail, un effort. Finie, la facilité des réponses apportées par les autres, fini le confort des certitudes du passé : Elie, les prophètes, Jean-Baptiste. Pierre prend alors la parole et donne une réponse personnelle qui rejoint le présent et engage l’avenir de tous : « Tu es le Christ ! » Celui qui était attendu est maintenant là. Tout est pour le mieux alors ?

Eh bien non ! Jésus surprend encore les disciples en commandant sévèrement à tous (et pas seulement Pierre) de ne rien dire à personne. Quelle surprise ! Et pourtant, nous savons bien pourquoi Jésus fait cette réponse. Le titre de Messie nous paraît simple à comprendre, univoque et sans ambiguïté mais ça n’a pas toujours été le cas. En réalité, le statut de Messie se prête à beaucoup de malentendus, on peut facilement vous prendre pour un réformateur religieux parmi d’autres, pour le successeur d’un roi prestigieux rêvant de reconquête, etc. Mais Jésus souhaite passer par un autre chemin, plus difficile et certainement moins glorieux…

Mais pourquoi tout doit-il commencer par une question, en particulier celle-ci : « Qui dites-vous que je suis ? » Elle semble posée à tous, en même temps, mais ne nous trompons pas : elle se pose à chacun d’entre nous. C’est même la seule question qui se pose à nous : qui est-il pour nous ? Avec une question, la plus importante de toutes, nous n’avons plus qu’à parcourir le monde pour trouver les réponses qui correspondent. On ne nous demande pas d’acquiescer à un catéchisme, mais de trouver une réponse personnelle ; nous sommes bel et bien renvoyés à nos responsabilités.

L’incompréhension des disciples pourrait nous faire sourire : quelle bande de lourdauds ! Ne rions pas trop vite. Les difficultés des disciples sont les nôtres : incompréhension devant le tragique du monde, devant le sens profond des choses, si difficile à trouver… Cela peut paraître étrange, mais ce n’est pas dans les certitudes que se trouve la foi, elle est tout entière dans nos questions qui ouvrent des possibilités quasiment infinies.

Et c’est pour nous une très bonne nouvelle : plutôt que de rester assis ou bien installés dans des certitudes, nous avons tous devant nous le mouvement d’une quête permanente. Voyez la fréquence du mot « chemin » dans les versets que nous avons lus : Jésus interroge les disciples en chemin, c’est en chemin que s’expriment les incompréhensions des uns et des autres, tous sont constamment en mouvement, comme s’il était impossible de s’arrêter. Si ce que nous appelons la foi est un mouvement permanent, rien ne peut l’arrêter, la domestiquer ou la mettre sous verre.

La foi qui fait dire à Pierre que Christ est présent n’est pas un objet de collection ou un pieux souvenir. C’est une invitation à le suivre. La bonne nouvelle que nous venons chercher ici n’est pas un petit supplément, un bouche-trou, une manière de combler un manque ou de satisfaire un peu sa curiosité. L’objectif est de renouveler notre comportement quotidien par une vraie dynamique de vie. C’est sûrement parce que ce qui change la vie est le fait de mouvements et de rencontres. Il n’est pas nécessaire que cela soit spectaculaire, d’ailleurs, mais sans cette confiance, nous ne pouvons rien faire.

Mais n’oublions pas que cette question s’adresse à nous : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » L’étonnement des disciples vient du fait que tout ce qu’ils pensent solide et hérité du passé ne suffira plus, dorénavant. Il est beaucoup plus fécond de se tenir seul devant lui, pour mieux le suivre avec notre flot de questions.

Nous voici au commencement d’une nouvelle année, avec toutes les questions qui nous passionnent et nous intriguent. C’est justement dans les années découverte, les années passerelle, jeune théologie et chez les confirmands que l’on se pose des questions. Et c’est très bien comme ça ! Cela veut dire que nous sommes en route vers quelque chose d’essentiel pour nous.

Nous sommes heureux d’accueillir aujourd’hui les jeunes de tous les groupes au seuil de cette nouvelle année, pour leur dire ceci : vous avez des questions, elles vous mèneront loin, elles vous feront cheminer parce que vous avez tout à apprendre, exactement comme nous ! La foi, c’est exactement cela ! Elle vous permettra de faire votre propre chemin.

Mais rassurez-vous, vous ne serez pas tout seuls : Christine, Viviane, Mustapha, Jacquelin, Francine et Magali sont là pour partager ce voyage avec vous. Ils vous feront partager ce qu’est une église où la foi n’est surtout pas un tas de vieilles choses à garder dans une armoire, mais plutôt une excursion et une découverte ! Bon voyage à tous !

Didier Petit

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