La lune s’obscurcira, les étoiles tomberont…

Est-ce que Jésus avait la même conception que nous de la fin des temps ? Il est probable que non. Mais pour nous, la question de la fin des temps semble devoir se poser. Comment ce sera, à la fin… ? Les différents enjeux environnementaux, sanitaires, géopolitiques et économiques donnent à notre époque une tonalité inquiète !

Par ces descriptions inquiétantes, Marc incite les croyants de son temps à essayer de discerner les signes des temps. Pourtant, Jésus ne parle pas ici de la fin des temps ou de la fin du monde, mais de la venue du Fils de l’homme ! C’est nous qui avons mêlé ces deux événements très différents. Il nous a fallu une bonne dose de catastrophisme pour confondre la bonne nouvelle d’un avènement avec une fin annoncée !

Jésus ne répond donc pas à la question qui nous hante : « Comment ce sera à la fin ? », mais il nous interroge pour savoir comment nous percevons sa présence dans le monde. La question que soulève un texte comme celui-ci est bien celle de l’espérance en un Christ toujours présent, et non pas celle de l’attente résignée d’une catastrophe. Ces deux « voies » sont étrangères l’une à l’autre.

Dans le cas de l’attente résignée d’une pluie de météorites, celui qui rentre la tête dans les épaules n’attend rien d’autre qu’une fin radicale : la sienne, celle du monde, la fin des repères qu’il pensait immuables… comme la lune et les étoiles ! Pour celui-ci, c’est vraiment la fin du monde. D’ailleurs, il mourra d’attendre, même si ce qu’il attend n’arrive jamais.

À l’opposé, l’espérance en un Christ toujours présent donne un sens à notre vie tout entière. Celui qui a cette espérance est tellement présent à la vie qu’il est prêt à anticiper ce qui vient… même s’il ne connaît ni le jour ni l’heure. Ce qui lui arrive du dehors n’est qu’une péripétie parmi d’autres, et les changements auxquels il assiste sont la fin partielle et progressive d’un monde qui s’en va, dans l’attente active d’un autre monde qui ne devrait plus tarder.

Il n’y a ici aucune fin du monde, à peine la fin d’une époque. Il y a surtout l’anticipation du monde qui vient. C’est d’ailleurs une excellente définition de la foi, si on en croit l’épître aux Hébreux : « La foi, c’est la réalité de ce qu’on espère, l’attestation des choses qu’on ne voit pas. »

Notre retour dans le temps de l’Église nous rappelle que nous vivons bien cette attente active et non la crainte résignée d’une fin du monde qui a d’autant moins de chance d’advenir qu’elle est annoncée trop tôt ou trop tard. Nous nous rappelons que le Christ est venu comme un nourrisson qui se contente de la place qu’on lui laisse, et qu’il ne reviendra pas comme un tyran qui exige. À nous de savoir quelle place nous consentons à lui laisser.

Didier Petit


Photo à la une : Joshua Earle on Unsplash

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