Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde

Vous le savez aussi bien que moi, la vie entière est une crise. Nous sommes toujours sur le point d’abandonner quelque chose, toujours en cours d’inventaire ! Mais il y a des moments dans la vie où la crise est aigüe et fait passer tout le reste pour de la rigolade. En période de crise, le besoin de sécurité se fait plus fort, on veut préserver ses acquis, sauver les meubles et trouver des solutions pour se protéger, c’est bien naturel.
Dans cette recherche d’un petit coin tranquille, le religieux peut parfois représenter un recours, comme si la foi préservait des risques du dehors. Mais nous savons bien que cela ne marche pas comme ça… « Vous êtes le sel de la terre…, vous êtes la lumière du monde… » ! Voilà un programme qui nous donne un tout autre projet que d’organiser un repli stratégique ou un retrait pur et simple. Dans ce Sermon, il y a, au moins, trois trésors : une identité, une vocation, et une responsabilité.
« Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde ». Jésus qualifie ainsi ses disciples et nous dit qui nous sommes maintenant. Ici, pas de tradition préalable, de manière de croire bien affermie, ni de gouvernance éprouvée. Nous ne pouvons être ce que nous sommes que si nous ne sommes pas tenus de le devenir, avec obligation de résultat ! Logique, non ? Nouvelle identité donc : sel de la terre et lumière du monde. Les disciples auraient pu refuser, mais ils avaient tout à recevoir et rien à donner, forts seulement de cette certitude que leur vie avait changé.
Seconde chose importante, une vocation : mettre un peu de saveur dans notre monde par le témoignage, et contribuer à ce qu’un rai de lumière traverse de temps en temps l’obscurité, à défaut de provoquer une gigantesque illumination… Mais n’est-ce pas incroyablement prétentieux de vouloir incarner un remède à la fadeur et l’obscurité ? Être le sel de la terre, c’est se savoir établi comme témoin d’une alliance « signée » en Jésus-Christ. Être lumière du monde, c’est témoigner de ce « goût » de la vie par la parole et le geste, librement.
Troisième chose importante : nous sommes attendus. Donner une réponse et l’assumer, c’est être responsables et libres. « Sel de la terre et lumière du monde » : notre parole peut sortir de nos murs, nous pouvons agir, librement. Nous avons reçu une nouvelle identité en plus de celle dont nous héritons par notre généalogie, ainsi qu’une nouvelle vocation qui est d’agir librement autour de nous : le monde se cherche, lui aussi une vocation, notre réponse est le Royaume.
Pasteur Didier Petit
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