Dé-confinés… en vue de quoi ?

« Un jour, nous abattrons les cloisons de notre prison, nous parlerons à des gens qui nous répondront, le malentendu se dissipera entre les vivants. Un jour, nous prendrons des trains qui partent. » (Antoine Blondin : Un singe en hiver).

Jésus accomplit ici un dé-confinement d’un genre particulier. Les disciples, enfermés, reçoivent leur premier envoi en mission avec réception immédiate de l’Esprit : « Comme le Père m’a envoyé, à mon tour, je vous envoie ! »

La vie, apparemment, est ailleurs que dans nos refuges provisoires et relatifs. Le temps du secret bien gardé est révolu, l’ouverture des portes annonce la divulgation ! D’ailleurs, ne dit-on pas « délivrer » un message ?

Mais Thomas semble hésiter, il refuse de se contenter de sources secondaires pour mieux préférer la source principale, le Seigneur lui-même. Rien n’y fait : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru. »

Thomas est le dernier représentant d’un groupe de privilégiés qui voient et entendent Dieu « en direct », un peu comme Adam et Eve, Noé, Moïse et bien d’autres. N’est-ce pas ce qui vient également de se passer ?

Après lui, il faudra désormais laisser la source originelle derrière soi et renouer avec elle à travers le voile d’un relatif ou d’un provisoire à assumer…

Cette Pentecôte avant l’heure est bien un double lâcher-prise, celle de l’humain qui doit assumer son éloignement de la source. Mais pour Dieu, il y a aussi un lâcher-prise : on n’incarne pas la Vérité dans un buisson ardent sans craindre de brûler ceux qui s’en approchent. Ici, la mise à distance est plus un geste d’amour qu’un réflexe de rejet.

Jésus apparaît deux fois pour affirmer ceci : il faut croire sans jamais avoir vu de près. Si nous comprenons cela, nous sommes à bonne distance de nos illusions, dé-confinés jusqu’à la prochaine tentation de mainmise. Et nous voilà libres d’accumuler les traces de bonnes nouvelles qui font vivre, petits fragments d’un immense secret qu’il faut partager avec d’autres, puisque l’heure de la divulgation a sonné.

Comme nous le suggère Antoine Blondin : « Un jour, nous abattrons les cloisons de notre prison, le malentendu se dissipera entre les vivants. Un jour, nous prendrons des trains qui partent. » N’est-ce pas aussi cela, l’Évangile ?

Sortis de nos maisons après deux mois de repli forcé, nous sommes en possession d’un secret à divulguer. Ensemble, nous n’aurons pas d’autre tâche que celle-ci, vous Église de Palaiseau, et moi nouveau venu qui vous dis toute l’impatience de vous rejoindre.

À très bientôt !

Pasteur Didier Petit

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.