Sentinelle, où en est la nuit ? Le matin vient…

Au livre du prophète Esaïe, on interroge la sentinelle : « Garde, où en est la nuit ? ». Il répond : « Le matin vient mais c’est encore la nuit » (Esaï 21, 11-12) […]
La parole du Seigneur s’adresse au prophète Jérémie : « Que vois-tu, Jérémie ? ». Je répondis : « Je vois une branche d’amandier. » « Je veille à l’accomplissement de ma parole », dit le Seigneur (Jémérie 1, 11).
Et nous, que voyons-nous ? Quelle direction doit prendre l’Église protestante unie aujourd’hui ? […]
Écologie, immigration, Europe chrétienne, justice sociale, autant de sujets qui ont été péniblement portés pendant la campagne pour les élections européennes, et qui exigent notre réflexion et notre action, comme citoyens et comme chrétiens. […]
Comme je le dis souvent pour plaisanter, tout est désespéré ? Formidable ! Nous sommes les spécialistes des situations désespérées puisque c’est alors que l’espérance prend tout son sens.
Je voudrais faire un détour et vous inviter à être spectateur d’une rencontre entre un homme et une femme, pour chercher les lieux de fidélité pour notre Église aujourd’hui. (Jean 4, 1-20 : Jésus et la Samaritaine) […]
Jésus manifeste ici une liberté totale dans ses rapports humains, liberté empreinte d’un respect inattendu. Une femme à la « moralité douteuse » est, pour Jésus, digne de débattre des questions fondamentales de la théologie et de recevoir la révélation qu’il est le Messie. Rien que ça ! […]
L’Église est invitée à être ce lieu où des hommes et des femmes se parlent en vérité et dans le respect. […] Il faut du courage pour dire la vérité et ne pas être juste « gentil », mais il y a plus d’amour à dire la vérité qu’à dire des gentillesses. Sans doute confondons-nous trop souvent gentillesse et amour fraternel et laissons-nous perdurer des situations dommageables pour l’Église, au nom du soi-disant amour fraternel. Ce n’est alors pas de l’amour fraternel, c’est seulement de la lâcheté. Toutefois, dire la vérité en Église ne signifie pas manquer de respect, invectiver ou insulter. […]
Au cœur de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine, ne passons pas à côté de cette question d’eau ! « Donne-moi à boire » demande Jésus. […] Quelle soif est la nôtre, quelle soif est celle de la société ? […]
Jean écrit : « La femme alors, abandonnant sa cruche, s’en fut à la ville… ». Une vraie rencontre nous fait abandonner des certitudes. […] Dans notre vie d’Église, il nous faut aussi faire des choix, abandonner certaines choses pour s’ouvrir à ce qui vient. […]
Aujourd’hui, l’espérance demeure. Réjouissez- vous, le matin vient, le Seigneur veille à l’accomplissement de sa promesse. Il est fidèle.
[Extrait du message de la pasteure Emmanuelle Seyboldt, présidente du Conseil national, prononcé lors du dernier synode à Grenoble, 30 mai au 2 juin 2019. Version intégrale : cliquez ici.]