Prédication du 20/01/2019

Prédication et baptême de Rose par Dominique Hernandez

Texte : Matthieu V 14-16

NB : il n’y a pas d’enregistrement audio de cette prédication.

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Prédication 20 janvier – Matthieu 5,14-16 – baptême de Rose

Je suis extrêmement reconnaissante à Marion et à Xavier d’avoir lu ce texte dans la dimension de l’écologie.

En effet, notre paroisse s’est inscrite dans la démarche Église Verte : c’est une dynamique œcuménique qui place le souci de la Création et de la justice sociale en avant des préoccupations, des réflexions et des engagements des paroisses qui s’y associent.

Ensuite, la réflexion de Marion et Xavier a ouvert ce texte d’une manière toute nouvelle, au moins pour moi.

Il ne faut pas gaspiller la lumière, disaient Marion et Xavier. C’est important pour la planète, pour le monde, et en particulier pour les enfants, qui représentent les générations futures : Rose, Inès, et tous les autres. Ne pas gaspiller la lumière relève d’un comportement écologique.

Écologie : connaissez-vous l’étymologie du mot ?

Logie de logos : parole, connaissance, jusqu’à science

Éco de… oikos : un mot grec qui signifie maison

Écologie : science de la maison, la maison particulière qu’est l’espace dans lequel nous vivons, jusqu’à la dimension de la planète entière. Cette science consiste en la connaissance des relations entre les êtres vivants et le milieu où ils vivent. Dans la vie quotidienne, l’écologie s’efforce de réduire les effets négatifs de l’activité humaine sur la planète et les vivants qui l’habitent.

Justement, il est question d’une maison dans ce texte. Une maison qui a besoin de lumière quand il fait nuit, pour que les habitants puissent voir. C’est à cela que sert la lumière : à voir quand il fait sombre.

La surprise, c’est que Jésus dit à ceux qui l’écoutent : c’est vous qui êtes la lumière, vous êtes la lumière du monde, la grande maison commune.

Ceux qui écoutent Jésus sont ceux grâce à qui d’autres peuvent voir clair dans le monde.

Parce que la lumière ne brille pas pour elle-même. Comme Marion et Xavier le faisaient remarquer à juste titre, quand on sort d’une pièce, on éteint la lumière. La lumière dans une pièce vide, cela ne sert à rien, c’est même du gaspillage, ce n’est pas respectueux de la Création.

La lumière ne brille pas pour elle-même, elle brille au bénéfice les êtres vivants. Elle permet de voir, de vivre, de croître.

Ceux qui écoutent les paroles de Jésus, c’est à dire ceux qui les écoutent, les comprennent, s’en imprègnent, ceux qui croient que ce que porte Jésus à travers ses discours et ses actes est parole de vie, ceux-là sont lumière du monde. Ils aident les autres à voir. Il n’y a rien d’autre à faire : écouter, croire.

Écouter les Béatitudes et croire que ce que Jésus trace comme chemin en douceur, en miséricorde, en compassion, en quête de justice, en partage des douleurs, cela est chemin de vie. Écouter, croire, et vivre. C’est-à-dire se comporter et entretenir des relations autrement que dans la domination, l’exploitation, la prédation, la violence, l’humiliation d’autrui. Cela éclaire le monde de manière nouvelle.

Et c’est bien une manière de vivre extrêmement écologique, dans le sens d’une existence menée en relations respectueuses avec toute autre vie et la maison commune. C’est même une manière de vivre qui met en valeur la vie d’autrui. C’est une manière de vivre dans la maison commune en se souciant que chacun y dispose d’une place digne pour sa propre vie.

C’est un service rendu, comme la lumière rend le service d’éclairer pour permettre de voir.

Ceux qui vivent selon l’esprit des Béatitudes sont lumière du monde, ils éclairent le monde, ils le donnent à voir selon une perspective particulière, celle du royaume des cieux.

Les relations, dans le monde où nous vivons, les relations humaines comme les relations avec les autres vivants et avec la nature sont si souvent fonctions d’intérêts financiers ou personnels et nous voyons combien les tentatives écologiques d’infléchir les décisions et les comportements sont restreintes par des soucis autrement plus puissants que le souci d’autrui. Mais ce n’est pas une fatalité. En Jésus-Christ, il est possible de vivre autrement, selon un esprit « écologique » imprégné de don, de générosité, de respect et de pardon, de compassion et de justice. Cette interprétation de l’existence, interprétation au sens musical du terme, comporte une dimension véritablement prophétique.

Car c’est bien ce que faisaient les prophètes : ils portaient sur une situation particulière un éclairage, une lumière, celle de la Parole de Dieu, qui rendait possible une prise de conscience et un changement de comportement. Les prophètes n’ont pas toujours été écoutés et suivis. Il en est de même pour ceux qui suivent la route des Béatitudes, le chemin de l’Évangile : lumière du monde, ils éclairent, ils donnent à voir un monde nouveau et habitable pour tous, mais tout le monde ne voudra pas voir grâce à cette lumière.

Et puis Jésus prévient : la lumière peut être empêchée. Si la lampe est mise sous un boisseau. C’est comme une forme de gaspillage.

Un boisseau est un récipient qui sert à mesurer le grain. C’est pour cela que Jésus parle d’un boisseau et pas d’un seau tout simplement. À cause de la mesure. La mesure, la comparaison, la compétition, et leurs associées la jalousie et l’orgueil ont pour conséquence l’extinction de la lumière. Il n’y en a pas certaines qui seraient de grandes lumières et d’autres qui seraient seulement de petites lumières. Vous êtes la lumière du monde, ensemble, ni compétition, ni démission ; chacun brille là où est, mais c’est ensemble que vous êtes lumière du monde, la grande maison commune.

L’esprit des Béatitudes, l’esprit du Royaume, est celui par lequel ceux qui écoutent Jésus comprennent que le Dieu révélé par Jésus est leur Père qui est dans les cieux. Autrement dit ceux qui se reconnaissent comme enfants de Dieu.

Cela, c’est justement ce qui est signifié au baptême, au baptême de Rose aujourd’hui.

Les enfants de Dieu sont lumière du monde. Ils ne l’ont pas mérité, ils ne le doivent ni à leurs qualités ni à leurs compétences ; ils ne sont pas meilleurs que les autres, ils n’ont pas plus de valeur que les autres. Et ni leurs défauts, ni leurs limites ni leurs manques ne les empêchent d’être enfants de Dieu et lumière du monde.

Bien sûr, pour le moment, Rose est trop petite pour comprendre que Dieu l’aime et l’adopte.

Pour le moment, Rose, et Inès également, sont lumière pour vous, leurs parents.

Plus tard, vous apprendrez à Rose à éteindre la lumière en quittant la maison (et bien d’autres choses) ; et nous ici, nous serons toujours présents, avec vous, avec elle, pour l’aider à connaître Jésus-Christ et l’inviter à faire partie de la lumière du monde. Pour tâcher de lui faire comprendre combien cette lumière est désirable dans la nuit des profits et des conservatismes, combien cette lumière est bénéfique pour la vie des vivants de la terre, et que le bonheur se tient là.

Heureux êtes-vous, vous qui êtes lumière du monde !

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