Je crois, tu crois… ils et elles croient

Si le mois de janvier a fait résonner comme chaque année le carillon de l’œcuménisme, avec les diverses manifestations de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le mois de février fait entendre cette année la note grave et ample de l’inter-religieux, particulièrement pour les jeunes du KT. Leur sortie annuelle les conduira dans une rencontre entre chrétiens et musulmans, un dialogue où le christianisme et l’islam se tiennent en ouverture, en quête de l’autre et en reconnaissance mutuelle.

Au fil des voyages, des idées et des déplacements volontaires ou obligés des personnes, l’autre différent nous croise chaque jour, et chaque rue, chaque ville peut se présenter comme un éclat du monde entier. Découvrir l’autre n’en est pas pour autant facilité car il faut dépasser ou éviter deux attitudes sans issue pour la rencontre :

– le repli crispé et apeuré, par crainte d’un environnement évoluant si vite qu’on craint d’y être perdu, en vue de protéger et de défendre un patrimoine, un héritage, une tradition qu’on pense mis en danger par les inconnus ou les différents,

– l’entrée en campagne active pour convaincre l’autre différent de changer d’avis, de manières, de rites, de foi et pour le transformer en semblable supportable.

Toute autre a été l’attitude de Jésus de Nazareth dans ses rencontres avec d’autres, bien différents : centurion romain, femme samaritaine ou cananéenne… Les évangiles mettent en évidence son accueil des personnes, son intérêt pour elles et pour ce qu’elles disent, sa manière de les prendre au sérieux. Il y a là pour nous une incitation à la rencontre sans a priori ni jugement définitif et sans crainte d’y perdre son identité car celle-ci ne repose pas sur la certitude d’avoir raison mais dans la Parole de bénédiction.

La disposition d’esprit de rencontrer ainsi l’autre ne met pas en danger même lorsqu’elle conduit à clarifier un désaccord ou à transformer une opinion dans l’élargissement et l’approfondissement de la conscience personnelle. Certes, le croyant peut y abandonner des expressions inappropriées, des images réductrices et des projections mal ajustées aussi bien sur Dieu que sur lui-même ou sur l’autre. Mais le risque de la rencontre et de l’exposition de ses convictions et de sa foi n’est que celui de laisser l’autre être qui il est, suivre son chemin et rester différent.

Sans fusion ni syncrétisme ni raccourcis, le dialogue inter-religieux passe d’abord par la découverte de l’autre hors de toute volonté d’avoir raison. Car avoir raison, c’est se positionner contre l’autre différent quand le Dieu de Jésus-Christ appelle à être avec. Il ne s’agit pas de mettre en compétition les religions ou les confessions pour déterminer quelle est la meilleure, la plus juste ou la véritable mais de témoigner comment le Dieu que je confesse donne sens au monde et à l’existence.

La foi se déploie dans l’espace d’un « je crois » qui n’est jamais mainmise sur la vérité mais remise humble et joyeuse au Créateur et Sauveur.

                                             Dominique Hernandez

© Photo : naughton

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