Janvier en espérance

L’espérance est une notion très importante dans le christianisme ; elle s’exprime dans de nombreux textes de la Bible. L’Ancien Testament lui donne une large part, comme confiance en la fidélité du Dieu d’Israël qui ne renonce pas à son Alliance. Dans l’espérance, la confiance qu’il y a un avenir est maintenue. Cette espérance s’est cristallisée dans l’attente de la venue du Messie. Le Nouveau Testament est riche, lui aussi, d’exhortations à l’espérance, sauf… dans les évangiles. L’espérance est absente des évangiles ; Jésus n’en parle pas. Ce silence crie très fort qu’il n’y a plus à attendre : la promesse est accomplie et le temps est venu de vivre au présent dans la confiance, dans la gratuité et dans l’engagement personnel.

L’espérance a repris une part importante dans l’Église parce que le Royaume, qui s’est approché, le Royaume rendu présent en Jésus-Christ, n’est pas advenu en plénitude. Mais il ne s’agit pas d’attendre ce qui doit venir ni d’espérer pour l’au-delà ; il s’agit de vivre selon ce qui a déjà été donné en Christ. Ainsi, l’espérance chrétienne ne repose pas sur une attente ; elle est portée par ce qui est déjà arrivé : Jésus-Christ crucifié et ressuscité, le don de l’Esprit Saint.

Autrement dit, l’espérance n’est pas celle d’un au-delà futur meilleur que le présent, mais l’espérance est espérance de ce que Dieu nous rend capables de vivre dès à présent. L’espérance ne tient pas à une disposition de caractère plus ou moins optimiste ou confiant, mais elle vient, de l’amont de notre histoire, nous pousser à l’action, à la responsabilité, à vivre en fils et fille de Dieu. L’espérance n’est pas une dispense d’engagement, au contraire : elle provoque, elle stimule, elle nourrit nos engagements afin de transformer le monde, même seulement un peu, même seulement autour de nous, et peut-être beaucoup plus.

Par la fidélité du Dieu d’Israël, du Dieu qui a réveillé Jésus-Christ de la mort, nous pouvons porter un autre regard sur le quotidien et sur le réel du monde, un regard qui nous permet de ne pas nous laisser conformer à ce monde, comme l’apôtre Paul y exhorte les chrétiens de son temps et d’aujourd’hui (Romains 12,2).

Les lieux d’engagement ne manquent pas, sur les failles des systèmes étouffant l’humain, sur les brèches des combats en faveurs des opprimés et des humiliés, en espérant contre toute espérance (Romains 4, 18), et surtout contre le désespoir, le fatalisme et l’indifférence.

Je vous souhaite un mois de janvier et toute une année en espérance.

Dominique Hernandez

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